28 octobre 2013

Queen Nala


(c) photo : Mohi Photography


Présente toi : Prénom, âge, profession?

Je m’appelle Laura, je suis aussi appelée « Nala » dans le milieu de la danse Hip-Hop, j’ai 19 ans et je suis danseuse.

Quel est ton parcours? A quel âge as-tu commencé?

J’étais toute petite lorsque j’ai commencé : c’est ma mère qui m’a inscrite à mon premier cours. J’ai d’abord fait du Modern-Jazz, vers l’âge de 6 ans jusqu’à mes 10 ans. Elle m’a ensuite inscrite à un cours de danse Hip-Hop : c’était avec P Fly, Niako, Didier (House) et Salah (Popping). Au départ, j’y étais allée pour ma mère. Mais ce stage a finalement été une révélation, et ce jour-là j’ai su que je voulais être danseuse. 
Comme je m’étais bien débrouillée pendant tout le cours, P-Fly m’a proposée de prendre ses cours. Et par la suite, il m’a pris sous son aile et c’est ainsi que j’ai intégré Next Level.

Tu as donc eu un vrai coup de foudre pour la danse?

Quand j’ai commencé, j’étais assez jeune : à 10 ans, on ne sait pas vraiment ce qu’on veut. Le Modern-Jazz ne m’intéressait pas vraiment, du moins musicalement. Ce qui m’a le plus frappée dans le Hip-Hop, c’est toute la culture qu’il y a autour ; culture dans laquelle mes frères baignaient depuis longtemps. Mais il y avait aussi ce partage, et l’état d’esprit des personnes qui m’ont tout enseigné. C’est à ce moment-là que j’ai su que je voulais consacrer ma vie au Hip-Hop, et transmettre par la suite le savoir que j’avais reçu.

Peux-tu nous parler de Nala? 

A la base, c’est parti d’un simple délire! Et comme « Nala » collait bien avec ma personnalité, j’ai décidé de l’adopter. Mais la plupart du temps, je dis « Laura Nala » et non « Nala ».

Tu es chorégraphe. Quel est ton processus de création et quelles sont les éléments qui t’inspirent?

Pendant mes cours, j’improvise complètement : en fonction de mon humeur, de la musique qui tombe, du niveau de mes élèves, de l’attitude que je souhaite avoir. Tous ces facteurs entrent en jeu. Après, j’ai des codes, des choses que j’ai apprise et travaillé qui reviendront automatiquement, mais j’essaye de les développer différemment.

En groupe, c’est autre chose. Avec Undercover par exemple, soit on créer une chorégraphie en fonction d’un son, ou soit on créé à partir de rien du tout. Et en fonction de cette création, on choisit la musique qui se marie le mieux avec, puis on épure le tout afin d’obtenir un ensemble concis et harmonieux.

Tu danses avec Criminalz Crew et Undercover : qu’est-ce que chacun de ces groupes t’ont apporté?

J’ai été à l’initiative de Undercover : à l’époque, j’avais eu l’idée de rassembler quelques danseurs pour le Hip-Hop International (2009). Comme Marcus, Melvin, Ibrahim étaient assez actifs, dans les battles notamment, je leur ai proposé de former un groupe. Aujourd’hui, ça fait 7 ans qu’on se connait : on a grandi et évolué ensemble, aussi bien dans la vie que dans le milieu du Hip-Hop. On est peu comme une famille, finalement.

Criminalz m’a apporté de la folie : j’étais assez réservée lorsque j’ai commencé à danser avec eux. Waydi, Rochka, Les Twins, Reginal etc : sont assez extravertis, et ne soucient pas du regard des autres. Ils m’ont poussée à m’exprimer sans craindre le regard des gens.

Etre entourée de danseurs talentueux et être spectatrice de leur évolution et même de leur succès encourage l’humilité? 

Je suis quelqu’un d’assez humble et simple. C’est quelque chose que je dois à ma famille, à l’éducation qu’on m’a donnée.
Puis, il y a aussi Undercover : nous avons grandi ensemble, et si l’un d'entre nous devenait arrogant, les autres seront là pour lui remettre les pieds sur Terre. Les personnes que je fréquentais à l’époque sont celles que je fréquente aujourd’hui : on nous a inculqué l’humilité ;  on a donc évolué avec les mêmes valeurs et la même mentalité. 

Je t’ai découvert grâce à des battles comme le Juste Debout. Que retiens-tu de cette expérience?

Le JD a été l’une des plus belles expériences de ma vie. Le fait de danser devant des milliers de personnes, et d’être sur cette scène a été une grande satisfaction personnelle pour moi, puisque lorsque j’y ai participé j’étais assez jeune. Ca m’a permis d’avoir un peu plus de crédibilité auprès des organisateurs de stages, battles. Et puis en tant que danseuse, le JD m’a appris à gérer toute la pression qu’il peut y avoir et à échanger avec le public. C’était vraiment une belle expérience.

Quelles sont tes principales inspirations?

Mes groupes : Undercover, Swaggers et Criminalz. Ils ont chacun un univers et une identité affirmée et différente. Sinon, il y a P Fly : je m’inspire beaucoup de lui étant donné qu’il m’a tout appris. Niako est un de mes danseurs préférés. Et puis il y a aussi Marion (Motin) : j’aime son style, sa danse, sa personnalité. Elle a apporté sa technique, sa manière de voir les choses et a su s’imposer dans le milieu Hip-Hop qui est assez masculin. Je pense à Mufasa, ou à mes frères Marcus, Melvin, Rochka, Waydi : leur évolution me pousse à dépasser mes limites. Ils me donnent envie de réussir.

Sinon, quelle place accordes-tu à la musicalité? Est-ce si important que ça?

Tout va dépendre de la manière dont tu ressens la musique. Parfois, tu peux attraper tous les accents d’un son, et le rendu peut ne pas être terrible. Ce que je regarde le plus lorsque je juge un battle, c’est la personnalité et le flow qu’aura le danseur ; s’il arrive à mettre en avant son délire. Mais il y a beaucoup de facteurs qui rentrent en compte : le contexte, la musique qui tombe. 

Ton meilleur souvenir?

A vrai dire, il y en a deux (rires). Le premier, c’est ma première fois au JD : c’était incroyable. Le second, c’est le Championnat du Monde de Hip-Hop (clique pour voir leur prestation) (Las Vegas) auquel on a participé avec Undercover. A cette époque, on venait de créer le groupe, on ne se connaissait pas du tout. Marvin, Melvin, Ibrahim et moi étions plus battles que chorégraphies ; c’était de la découverte pour nous. 
On a travaillé sur ce show pendant un an, avec Philémon qui nous a entraîné et s'est occupé de nos bandes sons à l’époque. Notre travail a porté ses fruits puisqu’on a gagné le Championnat de France, ce qui nous a permis de partir concourir à Las Vegas. Là-bas, c’était complètement fou! On est arrivé 1er aux pré-sélections et 5e au Championnat. 

Le 12 octobre dernier a eu lieu le Festival Karavel. Qu’en as-tu pensé?

Avec Undercover, on avait dansé pour la Biennale de la Danse l’été dernier à Lyon : Marcus, Melvin, Frankwa et moi-même  avions fait un street-show et avions présenté un morceau du spectacle qu’on prépare actuellement avec Julie Dossavi, qui s'intitule Sakalapeuch. Cette création dure 55 minutes. Mourad Merzouki avait vu notre travail, l’avait apprécié et avait donc décidé de nous programmer pour le Festival Karavel. Cette fois-ci, on a présenté une ébauche un peu plus élaborée. On a fait la première partie de Raj : les retours ont été positifs, ce qui signifie que nous sommes sur la bonne voie. 

Y a t-il une différence notoire entre le Hip-Hop à Lyon et le Hip-Hop à Paris?

C’est difficile à dire, parce qu’à chaque fois que je viens à Lyon, c’est dans le cadre d’une production. Et, je ne connais pas vraiment de danseurs debout qui participent à des battles sur Paris. Mais, Lyon est une ville active notamment en break avec Pockemon Crew par exemple. 
Mais étant donné que la concurrence est moins rude qu’à Paris concernant la danse debout, l’état d’esprit doit y être plus cool. Ca doit plus être de l’entraide que de la rivalité. 

Comment parviens-tu à concilier danse et études?

C’est assez difficile en fait. Actuellement, je suis en deuxième année de BTS Tourisme, et j’ai beaucoup de travail à faire. Et avec Undercover, on voyage souvent : tous mes week-ends sont bloqués. Je dois être organisée et ça génère de la pression. Mais je m’accroche, parce qu’on ne sait jamais ce qu’il peut se passer demain. Je peux me blesser et ne plus danser : il faut donc penser à un plan de secours.

Quels sont tes projets d’avenir? Où t’imagines-tu dans 10 ans?

Actuellement, on prépare notre spectacle de 55 minutes avec Undercover. On devrait le présenter en avril 2014 au Festival Haute-Tension qui aura lieu à la Villette. J’espère que ce festival aboutira sur quelque chose : ça fait deux ans qu’on est dessus avec le groupe, c’est un travail de longue haleine. On est assez fiers de nous. En tant que danseuse, je souhaite progresser dans ma danse par le biais de battles. J’ai envie de me relancer, et avoir de belles opportunités sur mon chemin, même si je sais que je suis jeune.

Sinon, dans 10 ans je m’imagine propriétaire d’une agence et d’une école de danse, dans laquelle les membres de Criminalz et de Undercover enseigneront. On pourrait ainsi former nos propres jeunes, avoir une reconnaissance internationale et importer cette école en Asie, aux Etats-Unis. 

Tu donnes des cours : comment parviens-tu à être pédagogue?

Je dois mon évolution aux cours de danse que j’ai pris. Pour moi, si on veut progresser, il faut prendre des cours afin d’acquérir certaines bases et avoir un bagage solide.
Je m’inspire des cours de Niako, Marvin, Marion, Babson, Kapela : par rapport à ça et à mon style, j’essaye de mélanger tout ça et de sélectionner les éléments que je dois le plus transmettre.

Quel est le meilleur conseil qu’on t’ait jamais donné, et que tu aimerais donner à ton tour?


Déjà, il faut se demander si on danse par passion ou uniquement pour être sous les spotlights. Et surtout, réaliser que la danse repose sur le partage et sur l’ouverture d'esprit : plus tu donnes, plus tu reçois, et c’est grâce à ce principe qu’on parvient tous à grandir dans la danse. 


LAURA NALA
Cours :
→ Juste Debout School
8/10 rue Saint Mandé
93100 Montreuil
Métro 1 : Saint-Mandé

Tous les vendredis, 20h30 à 22h00

4 commentaires:

Unknown a dit…

Super article :) ! J'aime bien son univers, je vais la suivre sur Facebook.
Continues tes interviews, c'est encore mieux de découvrir des talents qu'entendre parler des people dans chaque blog :). Bien joué, Full support Black Mic-Mac !

Stencia a dit…

@ Jeremy : Merci à toi, pour ton soutien!
Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour parler d'artistes talentueux qu'on oublie trop souvent.
Je suis contente que l'article t'ait plu :-)

Léona a dit…

Super interview! J'avais déjà vu quelques vidéos de Nala et ça permet d'en savoir un peu plus sur son parcours. Le show du lien vidéo est spectaculaire! Bravo à elle!

Stencia a dit…

@Léona : elle l'est ! C'est un adorable petit bout de jeune femme, déjà très accomplie. Ca fait plaisir de rencontrer des personnes aussi cool !